L'APPRENTISSAGE SOUS LA LOUPE : UN MODÈLE ÉCONOMIQUE À REPENSER FACE AUX CONTRAINTES BUDGÉTAIRES
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Le futur gouvernement Barnier se trouve confronté à un défi de taille : concilier ses ambitions en matière de formation professionnelle avec les impératifs d'une politique budgétaire de plus en plus restrictive. Parmi les dispositifs les plus coûteux, l'apprentissage occupe une place centrale. Représentant près des trois quarts des contributions versées à France Compétences, soit environ 25 milliards d'euros, ce mode de formation voit son modèle économique remis en question.
Un coût exorbitant pour des résultats inégaux
Si l'apprentissage est souvent présenté comme une voie d'excellence pour l'insertion professionnelle des jeunes, son coût élevé soulève de nombreuses interrogations. En effet, la formation d'un apprenti revient en moyenne 2 fois plus cher que celle d'un étudiant dans l'enseignement supérieur. Or, les études d'impact montrent que le retour sur investissement de ce dispositif est loin d'être systématique. Si certains apprentis trouvent rapidement un emploi stable et qualifié, d'autres peinent à s'insérer durablement sur le marché du travail.
Une répartition des coûts à revoir
Face à ce constat, le gouvernement pourrait être tenté de réduire les dépenses consacrées à l'apprentissage. Cependant, une telle mesure risquerait d'avoir des conséquences néfastes sur la formation professionnelle et, à terme, sur la compétitivité de l'économie française. Une autre piste consiste à repenser la répartition des coûts entre l'État, les régions et les entreprises.
Jusqu'à présent, l'État a assumé l'essentiel du financement de l'apprentissage. Cependant, les régions disposent d'une connaissance fine des besoins en compétences de leur territoire et pourraient jouer un rôle plus actif dans la définition et la mise en œuvre des politiques de formation. En transférant une partie des compétences et des moyens financiers aux régions, il serait possible de mieux adapter l'offre de formation aux réalités locales et de favoriser une plus grande responsabilisation des acteurs économiques.
Pour rendre l'apprentissage plus efficace et plus équitable, plusieurs pistes peuvent être explorées :
- Cibler les financements : Les aides financières doivent être concentrées sur les secteurs et les métiers les plus en tension, ainsi que sur les publics les plus fragiles (jeunes issus de quartiers prioritaires, personnes en situation de handicap).
- Développer de nouveaux modes de financement : Des partenariats public-privé peuvent être mis en place pour financer des projets de formation innovants.
- Mieux réguler le fonctionnement des CFA privés : Après l'intervention sur le marché du CPF, il est grand temps de s'attaquer aux abus des CFA privés.
L'apprentissage est un dispositif essentiel pour la formation professionnelle, point de contact privilégié avec le monde de l'entreprise.
Cependant, il doit faire l'objet d'une profonde réforme pour garantir son efficacité et sa pérennité. Une meilleure répartition des coûts entre l'État et les régions, couplée à un renforcement de l'accompagnement des apprentis, pourrait permettre de relever ce défi.
SOURCE: FRANCE COMPETENCES, LA COUR DES COMPTES
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