LE FINANCEMENT DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE : VERS UNE RÉFORME DRASTIQUE DE L'ÉTAT ?

LE FINANCEMENT DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE : VERS UNE RÉFORME DRASTIQUE DE L'ÉTAT ?

Depuis l'adoption de la loi "Pour la liberté de choisir son avenir professionnel", l'État semble rencontrer des difficultés croissantes à financer les dispositifs qu'il a lui-même mis en place. Une analyse suggère que nous assistons actuellement à une volonté de "défaire" le système tel qu'il a été conçu, en instaurant un cadre plus rigide, des contrôles accrus et une forte dissuasion administrative pour les organismes de formation privés d'ici la fin du quinquennat Macron.

Plusieurs indicateurs corroborent cette analyse. On observe une baisse significative des niveaux de prise en charge des contrats d'apprentissage, ainsi qu'une diminution des aides à l'apprentissage destinées aux entreprises. Parallèlement, la mise en œuvre de France Connect+ et l'introduction d'une participation financière des salariés au CPF, même lorsque leur solde est suffisant, signalent une volonté de restreindre l'accès et de responsabiliser financièrement les bénéficiaires.

Le durcissement se manifeste également par l'ajout de contrôles et de sanctions pour les organismes certificateurs, et un contrôle accru des organismes de formation présents sur le marché du CPF par des cabinets externes tels qu'Ernst & Young. Ces mesures renforcent l'idée d'une surveillance et d'une régulation plus strictes du secteur.

L'ensemble de ces actions interroge. S'agit-il d'une simple rationalisation budgétaire face à des fonds publics ou mutualisés insuffisants ? Ou bien ces mesures participent-elles à l'établissement d'un "état policier" de la formation, dont l'objectif serait de dissuader activement la mobilisation de ces fonds ? Cette analyse suggère une orientation délibérée vers une plus grande maîtrise et, potentiellement, une restriction de l'accès aux dispositifs de formation professionnelle.

Répercussions sur le Paysage de la Formation

Ces couches réglementaires et contrôles renforcés, loin d'être anodins, risquent de parasiter l'activité de nombreux acteurs de la formation. La lourdeur administrative et la complexité des exigences pourraient ainsi faire fuiter les expertises des organismes de formation de petite taille. Incapables de supporter le poids de ces contraintes, beaucoup pourraient être contraints de cesser leur activité ou de se retirer du marché des fonds mutualisés.

En conséquence, cette dynamique risque de concentrer l'activité entre les mains de gros organismes de formation. Ces derniers, mieux armés pour gérer la bureaucratie, pourraient privilégier un modèle d'"usinage" de la formation. Leur objectif principal deviendrait alors de rester scrupuleusement dans les clous de la qualité administrative et de la traçabilité, quitte à y consacrer des ressources importantes. Cependant, cette sur-concentration sur les aspects formels pourrait se faire au détriment de la qualité technique et du transfert de compétences réels, menaçant ainsi l'efficacité pédagogique et l'innovation dans le secteur.

Cette évolution aura sans doute des répercussions majeures sur le paysage de la formation en France et sur la capacité des individus à monter en compétences. Quel impact pensez-vous que cela aura sur l'employabilité et le développement des carrières ?

SOURCE: LE CLUB RFP

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