HORIZON 2027 : LA FORMATION PROFESSIONNELLE A L'AUBE D'UNE MUTATION FORCEE

HORIZON 2027 : LA FORMATION PROFESSIONNELLE A L'AUBE D'UNE MUTATION FORCEE


Par un acteur de la formation.

On le sent tous dans les couloirs des organismes de formation (OF) et au détour des conversations entre collègues : le calme actuel n'est qu'apparent. Si aucun bouleversement législatif majeur n'est attendu dans l'immédiat, il ne faut pas s'y tromper. La prochaine grande loi de la formation professionnelle se profile déjà, calée sur l'agenda des élections présidentielles de 2027.

Après quinze ans de métier, j'ai vu passer suffisamment de réformes pour décrypter les signaux faibles. Et cette fois, le mot d'ordre est clair : la rationalisation.

Faire mieux avec moins : l'équation impossible ?

D'ici 2027, la tendance ne sera pas à l'ouverture des vannes budgétaires, bien au contraire. Les pouvoirs publics vont serrer la vis. L'objectif principal des mesures à venir consistera à contraindre les acteurs de la formation à produire davantage de résultats avec des ressources amoindries.

Nous allons assister à un contrôle drastique des allocations sur les trois piliers du financement :

  • L'apprentissage, dont les niveaux de prise en charge sont déjà dans le viseur ;

  • Les formations conventionnées ;

  • Le Compte Personnel de Formation (CPF), qui subit déjà ses premiers coups de rabot.

Vers l'agilité et l'humain

Peu importe la couleur politique du futur gouvernement, les contours de la réforme semblent déjà tracés. On ne nous demandera plus seulement de "former", mais d'être des caméléons. Les centres de formation devront faire preuve d'une polyvalence totale et d'une capacité d'agilité pour personnaliser les parcours à l'extrême.

Paradoxalement, dans ce monde numérique, la formation en présentiel va retrouver ses lettres de noblesse. La valeur ajoutée ne sera plus dans l'information brute, mais dans l'accompagnement humain. Le "vrai" formateur, celui qui est dans la salle, deviendra un produit premium.

La restructuration inévitable du marché

Cette logique de "faire mieux avec moins" va forcer le marché à se segmenter violemment. Fini le temps où le formateur faisait tout, de la conception à l'animation en passant par l'administratif. Nous nous dirigeons vers une spécialisation des rôles :

  1. Les créateurs de contenu pédagogique : des ingénieurs de la connaissance.

  2. Les outils d'organisation : la logistique et le suivi.

  3. Les formateurs-consultants : ils ne seront plus de simples détenteurs du savoir, mais de véritables accompagnateurs, des coachs de la montée en compétence.

L'IA et la fracture humaine

C'est ici que l'Intelligence Artificielle entre en jeu. L'intégration d'outils IA pour adapter les contenus en temps réel va nous offrir cette agilité tant réclamée, tout en réduisant drastiquement les temps de production. C'est une opportunité technique, certes, mais un risque social évident.

En bout de chaîne, soyons réalistes : cela conduira à une réduction globale des effectifs. Ceux qui resteront devront être hyper-polyvalents.

Je pense à mes collègues, et à moi-même parfois, déjà épuisés par les normes administratives contraignantes qui se succèdent sans fin. On nous demandera demain d'être encore plus performants, plus technologiques et plus humains, avec moins de moyens. Le virage de 2027 sera sans doute le plus serré que notre profession ait eu à négocier.

SOURCE: UN COLLEGUE ACTEUR DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE

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